Objectifs

Suite à l’annonce par le Président de la République le samedi 14 mars 2020, de la fermeture de tous les établissements d’enseignement, les conditions de vie des étudiant·e·s ont été fortement modifiées. En effet, la fermeture des établissements d’enseignement supérieur a nécessité la mise en place de nouvelles formes d’enseignement et d’évaluation ; celle des services universitaires (restaurants universitaires, bibliothèques…) a également bouleversé les modes de vie et les formes de sociabilité étudiante ; la fermeture des sites d’une majorité d’entreprises a pu, quant à elle, affecter les emplois étudiants et paralyser des projets de stage ; et la fermeture des frontières contrarier les projets de mobilité internationale. Le prolongement des mesures de confinement jusqu’au 11 mai et la non-réouverture des établissements d’enseignement avant la rentrée de septembre a créé une situation affectant globalement le parcours des étudiant·e·s.

Quelles conséquences la crise sanitaire a-t-elle eu sur la réalisation des études, sur les conditions de logement ou encore les ressources financières des étudiant·e·s ? Comment ceux-ci ont-ils vécu cette période ? Pour répondre à ces différentes questions, l’Observatoire national de la vie étudiante a réinterrogé, dans le prolongement de l’enquête conditions de vie 2020, 6 130 étudiant·e·s inscrit·e·s en 2019-2020 à l’université, en classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), écoles d’ingénieur, de commerce, culture, ou de grands établissements.

Cette enquête aborde les thèmes suivants :

  • le logement : conditions de logement, changement de lieu d’habitation ;
  • l’activité rémunérée : continuité ou perte d’emploi salarié, montant de la perte de revenus estimée, job d’été ;
  • les difficultés financières : postes du budget impactés, aide exceptionnelle financière ou matérielle ;
  • la santé : santé mentale, accès aux soins médicaux, alimentation, alcool ;
  • la continuité pédagogique : conditions d’études, stage, examens ;
  • les perspectives : orientation, mobilité internationale, insertion professionnelle.

Méthodologie

L’enquête a été réalisée par questionnaire en ligne entre le 26 juin et le 8 juillet auprès des étudiant·e·s ayant répondu à l’enquête Conditions de vie 2020 et ayant accepté d’être recontacté·e·s. Étaient concerné·e·s par cette enquête les étudiant·e·s inscrit·e·s en 2020 à l’université, en Grand Établissement, en CPGE, en école d’ingénieur, de commerce, d’art et de la culture. Au total, un peu plus de 45 000 étudiant·e·s ont été sollicité·e·s par mail pour répondre à l’enquête.

Pour garantir une meilleure représentativité de l’échantillon, les données brutes obtenues lors de l’enquête ont été pondérées à partir des informations centralisées par le ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation sur les inscriptions effectives dans les établissements.

Résultats

L’enquête menée par l’Observatoire national de la vie étudiante sur le ressenti des étudiant·e·s pendant la période de confinement montre que la crise sanitaire a eu d’importants effets sur leurs conditions de vie : nombreux sont celles et ceux – notamment parmi les plus jeunes – ayant fait le choix de rejoindre leur famille, bénéficiant ainsi, pour une majorité, d’aides plus nombreuses et de conditions de logement dans l’ensemble plus favorables. Ce retour à une forme de cohabitation contrainte par les évènements n’a toutefois pas empêché pour certain·e·s l’existence de conflits ou encore la nécessité de s’occuper d’un proche malade, autant d’éléments qui ont pu perturber le suivi des études. Les signes de détresse psychologiques ont été dans l’ensemble plus nombreux dans la population étudiante pendant cette période de confinement, de même que la consommation d’alcool ou le renoncement aux soins. La formation à distance, mise en place dans la plupart des établissements, a permis de révéler de nouvelles inégalités au sein de la population étudiante : avec le développement des cours en mode distanciel, disposer d’un ordinateur personnel, d’une bonne connexion internet ou encore d’un environnement calme, sont devenus particulièrement essentiels pour la réussite de chacun·e. Les étudiant·e·s étranger·e·s, par l’éloignement de leur famille et leurs conditions de vie et de travail plus précaires, apparaissent ainsi comme les grand·e·s perdant·e·s de la crise sanitaire. La perte ou la diminution de l’activité salariée, l’annulation ou le report des stages ou encore l’interruption des mobilités internationales ont également transformé l’expérience étudiante, fragilisant davantage les catégories les plus précaires. Ces transformations ont également généré des inquiétudes particulièrement importantes parmi les étudiant·e·s en fin d’études, allant jusqu’à modifier, pour certain·e·s, leurs projets d’orientation et d’insertion. Les effets de la crise pourraient ainsi se faire sentir encore longtemps sur la population étudiante.